Poulard (Annette Boutiaut, dite « La Mère ») : La Mère Poulard est une restauratrice (Nevers 1851 – Mont-Saint-Michel 1931). Elle fut une célèbre cuisinière mondialement connue pour son auberge au Mont-Saint-Michel et sa fameuse omelette, l’omelette de la Mère Poulard).
Biographie et histoire de la Mère Poulard : Son père, Claude Boutiaut, est journalier aux maraîchages des faubourgs du Mouësse à Nevers, et sa mère porte les légumes récoltés chaque matin, au marché Saint-Arigle.
Sans grande instruction, Annette travaille très jeune comme femme de chambre et entre au service d’Édouard Corroyer, ancien élève de Viollet-le-Duc (*), nommé architecte en chef des Monuments historiques.
(*) Eugène Viollet-le-Duc, né le 27 janvier 1814 à Paris et mort le 17 septembre 1879 à Lausanne, est l’un des architectes français les plus célèbres du XIXᵉ siècle, connu auprès du grand public pour ses restaurations de constructions médiévales, édifices religieux et châteaux.
En 1872, Corroyer se voit confier par le gouvernement la restauration de l’abbaye du Mont-Saint-Michel, il part donc avec sa femme, sa fille et sa femme de chambre dans son périple, c’est donc ainsi que cette dernière découvre la Normandie et la mer, ce qui la change des paysages nivernais du centre de la France et plus particulièrement du Val maraîcher des jardiniers, appelés "Les Mangeux d’ail", qui font toujours venir des légumes sur la rive droite de la Loire.
Sur place, elle fait la connaissance du fils du boulanger du Mont, Victor Poulard, leur relation durera jusqu’à leur mort. Ils se marient le 14 janvier 1873 en l’église Saint-Philippe-du-Roule de Paris, son patron Édouard Corroyer est le témoin d’Annette. C’est certainement ce dernier qui a dû organiser ce mariage, car il est assez rare pour l’époque qu’un couple de province et de condition modeste aille contracter mariage dans la capitale où il n’avait aucune attache.
Annette, ayant conscience de son retard éducatif, essaiera de combler en partie son manque d’instruction en prenant des cours d’orthographe et de mathématiques que lui dispensait la sœur institutrice du Mont-Saint-Michel.
Après leur mariage, le couple Poulard décide de prendre en gérance un établissement modeste du nom de l’« hostellerie de la Tête d’Or », le monde n’afflue pas, une poignée de pèlerins, quelques archéologues, une pincée d’artistes ou d’hommes du monde, rien de la foule qui se presse aujourd’hui sur le mont. D’autant que les visiteurs étaient dépendants de la marée (puisque la digue-route n’existait pas), c’est-à-dire qu’ils arrivaient selon le gré des vagues à n’importe quelle heure, il fallait donc dans ce cas satisfaire leur appétit avide dès leur arrivée.
C’est alors qu’Annette trouva l’idée de les faire patienter en leur offrant une omelette de sa confection en attendant le plat principal, celle-ci était cuite dans un feu de bois sec qui flambait dans l’âtre. En un tour de main d’une suprême élégance, Madame Poulard avait confectionné une omelette rosée, baveuse, fumante et savoureuse à souhait, et qu’elle offrait elle-même à ses hôtes. Son omelette a largement dépassé la réputation de ses plats pourtant fameux, comme les côtelettes de pré-salé, les pommes sautées au beurre, le poulet rôti, la rouelle de veau à la casserole… Eh bien non, c’est son omelette qui fit sa renommée.
La maison prospère rapidement.
En 1888, Victor et Annette Poulard quittent leur ancien établissement pour acquérir l’« hôtel du Lion d’Or ». Ils le font démolir pour édifier un hôtel imposant et fonctionnel qui prit pour enseigne : « À l’omelette renommée de la " Mère Poulard ". » Le précédent, repris par le jeune frère de Victor Poulard, adopta comme enseigne : « À la renommée de l’omelette soufflée. » La ressemblance n’était pas fortuite.
Rapidement, la renommée de la Mère Poulard a fait des envieux, à commencer par ses enfants qui ont ouvert deux hôtels, Victor (l’aîné) et Alphonse (le jeune), se faisant une concurrence acharnée.
Au fur et à mesure que grandit l’attrait pour le Mont-Saint-Michel, grandit la renommée des omelettes et de l’hospitalité de celle qu’on n’appelle plus que la Mère Poulard. « On ne peut se rendre au Mont-Saint-Michel sans aller goûter l’omelette » lit-on dans les gazettes parisiennes. Bientôt, on accourt ; anonymes et hôtes illustres, princes et rois, diplomates et savants, hommes politiques et vedettes se pressent près de l’âtre des Poulard.
L’accueil de la maîtresse de maison est aussi connu que son omelette, parfaite mère de famille, elle s’efforce de mettre en confiance ses visiteurs et clients en les rassurant sur leur sort, elle donnait aux étrangers l’impression très nette qu’ils franchissaient le seuil d’une maison familiale.
Elle cultivait aussi l’ambiguïté dans les relations avec ses clients, elle était une personne aiguisée dans les affaires, avec son air de dégoût de l’argent, elle n’en surveillait pas moins le tiroir-caisse de son restaurant.
Elle acceptait quelquefois les œuvres (aquarelles, pastels…) de ses clients à titre de paiement, mais elle gardait tout de même l’œil sur l’addition, Annette n’employait que très peu de personnel dans son auberge.
Madame Poulard en personne accueillait ses hôtes et leur assignait leurs chambres. C’était si simple. On n’avait affaire qu’à elle. Et quand on s’en allait, c’était à elle encore que l’on demandait la note.
On se presse chez la Mère Poulard. Princes, artistes, hommes politiques, personnalités de tous horizons conjuguent leurs louanges dans le livre d’or qui comporte plus de quatre mille signatures, il mériterait de figurer aux archives nationales.
Un jour, Léopold II, roi des Belges, voulut s’installer à la terrasse (la rue) pour déjeuner, il s’est vu refuser de se faire servir… Comme tout le monde, il dut prendre son repas dans la salle à manger. Annette a en effet du tempérament. Elle veille à tout.
L’homme d’état français Georges Clemenceau (1841-1929) lui-même restera un des plus fidèles amis d’Annette Poulard.
À l’heure de la retraite, vers 1920, les époux Poulard font construire une jolie maison sur les hauteurs du mont. Le 15 janvier 1923, parmi une foule nombreuse et attendrie, ils célèbrent leurs noces d’or.
Annette s’éteint le 7 mai 1931 et rejoint son défunt mari dans le petit cimetière du Mont-Saint-Michel.
Site internet officiel du restaurant la Mère Poulard
Articles connexes :
Omelette de La Mère Poulard
Omelette
Œufs en omelette
Voir aussi Omelette sous Argot de bouche.[/vc_column_text]
Le mystère de l’omelette de la Mère Poulard
Mystère de l’omelette de la Mère Poulard : On a souvent tenté de percer le secret de cette célèbre omelette : poêle à long manche placée sur un feu de bois très vif, qualité des œufs et du beurre, quantité de beurre verre de crème fraîche dans les œufs (le mont-Saint Michel est en Normandie), cuisson très vive et rapide, proportion de blancs en neige dans l’appareil, qui donne à l’omelette sa texture soufflée et légère.
Une chose est certaine : La mère Poulard développa cette recette après avoir remarqué que les pèlerins arrivaient affamés au Mont-Saint-Michel. Il lui fallait donc un plat facile et rapide à préparer à toute heure.
Aujourd’hui encore, on peut y voir battre les œufs en rythme avec un long fouet dans un grand récipient de cuivre, un cul-de-poule à poignée unique.

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